L’inflation galopante constatée depuis 2022 a conduit les banques centrales à appliquer une remontée d’une rapidité historique de leurs taux directeurs(1). Celle-ci rend plus coûteuse la recherche de financement des acteurs de marché et assombrit les perspectives économiques notamment en Europe. Ce pic des taux peut permettre de profiter des rendements attractifs sur le marché obligataire. Décryptage avec Samuel Berhmani, gérant obligataire chez SG 29 Haussmann(2) et Bertrand Michaud, spécialiste crédit d’entreprise Euro chez Société Générale Private Banking.
Pourquoi le contexte actuel est-il particulièrement propice aux obligations ?
Si les tensions sur les prix pourraient perdurer, la période de forte inflation paraît achevée et les taux semblent approcher leur point culminant. Selon nos perspectives, les taux devraient se maintenir autour des niveaux actuels malgré des incertitudes élevées sur la croissance pouvant générer une baisse des taux.
Le niveau actuel des taux, observé dans les rendements obligataires, nous semble aujourd’hui attractif. Il permet notamment de se protéger contre la perte de valeur de son patrimoine dans un contexte où l’inflation pourrait rester durablement plus élevée que son niveau pré-Covid. Certaines obligations d’État (comme l’Allemagne) et obligations d’entreprises de qualité, dites Investment Grade, affichent des rendements attractifs qu’il nous semble opportun de cristalliser.
Comment intégrer les obligations au sein d’une allocation d’actifs ?
À titre de comparaison, les rendements des obligations sont aujourd’hui très proches des dividendes anticipés sur les marchés actions, renforçant l’attractivité relative des obligations. Le marché obligataire primaire(3) a été particulièrement vigoureux, offrant des coupons(4) intéressants et contrastant avec les obligations émises avant la remontée des taux qui ont vu leur cours chuter en 2022. Nous anticipons donc qu'une allocation équilibrée entre coupons et achat d'obligations décotées(5) devrait permettre à l'obligataire de retrouver son caractère protecteur et de regagner en attractivité dans une optique de diversification.
Comment appréhendez-vous la sélection des obligations d’entreprises ?
Jusqu'à présent, le resserrement monétaire a eu un impact limité sur les fondamentaux des entreprises grâce aux niveaux de liquidités qu’elles ont conservés pendant la pandémie et les faibles besoins de refinancement à court terme. En effet, au 31 juillet 2023, le taux de défaut(6) du marché obligataire européen s’élevait à 2,87 %, en-deçà de sa moyenne de long-terme de 3,15 %(7).
L’anticipation d’un ralentissement économique laisse toutefois présager une augmentation de ce taux de défaut. Naturellement, les plus impactés seront les émetteurs en catégorie spéculative(8), dits High Yield(9) (dont la notation Standard & Poor’s(10) est de BB+, note la plus élevée, ou moins). En effet, il existe un risque sur ce segment que les valorisations actuelles ne reflètent pas. La détérioration de l’environnement économique pourrait avoir pour conséquence une dégradation de la qualité de crédit des émetteurs et une augmentation de leur niveau d’endettement. Les entreprises faiblement notées sont confrontées à des coûts de financement plus élevés et l'accès au marché obligataire leur sera de plus en plus difficile. Nous continuons donc à privilégier le crédit de haute qualité, c’est-à-dire des entreprises qui affichent des fondamentaux sains et des valorisations correctes.
Quelles perspectives pour le marché obligataire bancaire ?
En ce qui concerne les obligations bancaires européennes, les fondamentaux nous semblent solides à l’abord d’une éventuelle récession grâce à des bilans sains et une rentabilité élevée. Pour 90 % des banques(11), les bénéfices étaient en croissance au dernier cycle de résultats, surperformant l’ensemble des secteurs de l’Eurostoxx 600(12).
Pour en savoir plus sur nos solutions liées au marché obligataire, nous vous invitons à vous rapprocher de votre Banquier privé.