L’année 2022 a été marquée par une hausse vigoureuse de l'inflation, exacerbée par la guerre en Ukraine. Ce contexte a conduit à une remontée des taux d’intérêt qui rend plus coûteuse la recherche de financement des acteurs de marché et assombrit les perspectives économiques en Europe. Ces sources d'incertitudes ont engendré une importante volatilité sur les marchés financiers, quelles que soient les classes d'actif depuis plus d’un an.
Dans ce contexte, une stratégie d’investissement en gestion obligataire à échéance, offrant une visibilité sur le rendement cible pour un horizon d'investissement déterminé, nous semble une solution adaptée. En effet, cette stratégie, si conservée jusqu'à échéance, présente une sensibilité moindre aux hausses des taux d'intérêt.
Décryptage avec Samuel Berhmani, gérant obligataire chez SG 29 Haussmann(1).
Pourriez-vous nous rappeler les grands principes d’une stratégie obligataire à échéance ?
Bien entendu, le principe est le suivant : au lancement d’une solution de ce type, le gérant investit dans une sélection d’obligations dont le terme est prévu à l’avance, en général pour une durée de 5 ans.
Contrairement à un fonds obligataire traditionnel, les obligations dans lesquelles le gérant a investi vont être conservées jusqu’à l’échéance prédéfinie. Chaque année, sauf événement de crédit, les coupons des obligations en portefeuille seront perçus, et le capital sera remboursé à échéance. Ainsi, s’il conserve la solution sur la période, l’investisseur peut espérer capter le niveau de rendement initialement attendu(2).
En quoi est-il opportun de disposer d’une telle solution dans le contexte de marché actuel ?
Historiquement, le contexte actuel est assez inédit, nous bénéficions à la fois de la remontée des taux d’intérêt grâce à l’impulsion des banques centrales et du renchérissement des primes de risque liées au risque de défaut des émetteurs, dû au ralentissement économique prévu à moyen terme. Toutefois, ces primes de risque n’ont pas encore atteint les niveaux records observés en 2020 ou en 2011. L’alignement de ces deux facteurs nous permet de sélectionner des émetteurs de bonne qualité tout en offrant des potentiels de rendements attractifs.
À titre d’illustration, les rendements actuels des indices obligataires de référence des entreprises, de maturité entre 5 et 7 ans sont éloquents :
- l'indice obligataire Euro Corporate 5-7 ans affiche actuellement(3) un rendement de 4,21 % contre 0,64 % au 31 décembre 2021 ;
- et l'indice obligataire Haut Rendement Euro High Yield 5-7 ans affiche actuellement(3) 6,93 % contre 2,87 % au 31 décembre 2021.
Comment construire un tel portefeuille dans le contexte actuel ?
En termes de gestion, nous adoptons une approche de type « buy & hold(4) » dont l’objectif est d’optimiser le rendement à échéance avec une forte diversification des émetteurs et en minimisant le risque de défaut.
À la constitution du portefeuille, nous effectuons une sélection minutieuse des titres destinés à être portés jusqu’à échéance. L’allocation est donc relativement statique et la rotation plus faible qu’un portefeuille obligataire traditionnel. Cependant, la gestion du risque de crédit est active au cours de la vie du portefeuille avec des capacités d’arbitrages ou de cessions de titres en cas de dégradation importante de la solvabilité d’un émetteur et de doutes sur sa capacité de remboursement.
Dans cet environnement, nous aurons tendance à privilégier les entreprises de bonne qualité, dites « Investment Grade », qui offrent une certaine visibilité sur leurs flux de trésorerie. Ainsi, ce segment, dont les émetteurs sont notés BBB- et plus (selon l’agence de notation Standard & Poor’s), aura une place de premier choix dans la construction du portefeuille. Nous privilégierons en outre les obligations d’entreprises qui présentent une rémunération du risque intéressante.
En revanche, nous resterons à l’écart des émetteurs les plus sensibles au cycle économique, les moins bien notés ou encore des émetteurs du secteur de l’immobilier dont les valorisations sont sous tension dans le contexte de remontée des taux par exemple.
En résumé, quels sont les bénéfices d’une telle solution ?
Ce type de solution est construit en prenant en compte :
- la robustesse des bilans des émetteurs ;
- les facteurs de risque des titres considérés.
Ainsi, le rendement théorique à maturité permet aux investisseurs de bénéficier d’une bonne visibilité sur leur investissement (sauf événements de crédit ou vente avant échéance et hors arbitrage).
Alors que les performances des fonds obligataires "classiques" restent dépendantes de l’évolution des taux du marché, cette évolution n’a pas d’incidence pour un investisseur présent sur une solution à échéance s’il la conserve jusqu’à maturité.
Par ailleurs, SG 29 Haussmann possède une expérience solide en matière de gestion de fonds obligataires et de fonds obligataires à échéance, expertise qu’elle a su éprouver au cours des années. L’équipe s’appuie également sur une équipe d’analystes crédit, ayant plus de 20 années d’expérience, pour une meilleure maîtrise de l’univers obligataire.
Nos experts se tiennent à votre disposition pour vous accompagner dans vos réflexions et perspectives d’investissement.