Les investissements en faveur du climat ont continué de progresser à l’échelle globale en 2022. Les chocs géopolitiques, économiques et météorologiques qui ont marqué l’année passée ont eu pour effet de générer une prise de conscience collective et ainsi d’accélérer le développement de ces investissements.
À titre d’exemple, lors de la mise en place de sanctions contre la Russie, l’Europe a pris conscience de sa forte dépendance énergétique. L’Union Européenne a alors décidé d’accélérer sa transition énergétique en se dotant du plan REPower EU(1) avec comme objectif de gagner, bien avant 2030, son indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles russes.
Tour d’horizon des grandes mesures en vigueur et des opportunités liées avec Théodore Watkins, Chef de produit finance durable chez SG 29 Haussmann(2).
Quelle est la posture aux États-Unis ?
Après des mois de négociation, les États-Unis ont adopté à l’été 2022 le « Inflation Reduction Act » (Plan de Réduction de l’Inflation, IRA) dont le principal volet concerne le climat. Près de 400 milliards de dollars serviront effectivement à financer les mesures permettant au pays d’atteindre son objectif de réduction de gaz à effet de serre de 52% d’ici 2030 (par rapport à 2005).
Parmi ces dernières, on compte d’importants crédits d’impôts pour les ménages tels que les subventions pour les achats de véhicules électriques, pompes à chaleur ou installation de panneaux solaires. Concernant les entreprises, le plan prévoit des crédits d’impôts pour les investissements dans la production des véhicules électriques, batteries et énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène notamment).
Ce plan très ambitieux crée une émulation mondiale pour attirer les projets industriels. Plusieurs d’entre eux, initialement prévus en Europe ont d’ailleurs déjà été transférés vers les États-Unis.
Qu’en est-il en Europe ?
De son côté, l’Union Européenne travaille sur un équivalent de l’IRA laissant entrevoir une transformation probable du plan REPower EU. Rappelons que ce plan de la Commission européenne vise à réaliser des économies d’énergie, produire une énergie propre et diversifier les sources d’approvisionnement en énergie.
Sa transformation apporterait des aides concrètes ainsi que des financements supplémentaires. Parmi les réponses non-financières, les industriels se réjouiront de la diminution attendue des délais administratifs sur les nouveaux projets. Aujourd’hui, le délai entre la création du projet et le démarrage des travaux peut aller jusqu’à 5 ans pour les parcs éoliens. Combinés à la hausse des coûts de construction, ces délais rendent difficile la planification de rentabilité financière des projets et ralentissent le déploiement du secteur.
Par ailleurs, l’Europe a aussi voté la fin des ventes de voitures thermiques d’ici 2035 impliquant une adaptation significative des réseaux électriques et une refonte accélérée de l’industrie automobile.
Les pays émergents suivent-ils une tendance comparable ?
Dans les pays émergents, pas de nouvelles annonces en Chine tandis que l’Inde a renforcé ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre à 2030 ainsi que la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à horizon 2030 également, passant de 40 % à 50 %(3).
Les ONG jugent ces objectifs encore insuffisants, bien qu’ils pourraient être revus à la hausse avec l’adoption et le déploiement de nouvelles technologies dans les années à venir.
Peut-on parler d’une coopération mondiale ?
Deux COP (Conférence des Parties) se sont tenues en 2022.
La première COP sur le Climat à Sharm El Sheikh en Égypte, a permis de réévoquer le fonds de soutien pour les pays souffrant tout particulièrement des effets du dérèglement climatique. L’autre sujet largement discuté a été le mécanisme international de compensation du carbone, bien qu’aucun accord n’ait encore été trouvé.
La deuxième COP, celle de la biodiversité, s’est tenue à Montréal. Les 195 États participants se sont engagés, après 4 années de discussions, à convertir 30 % de la planète en aires naturelles protégées d’ici 2030.
La coopération s’organise donc à l’échelle mondiale, mais elle reste balbutiante, tant les pays peinent à aboutir à des accords globaux.
Quels enseignements pouvons-nous en tirer avec un regard d’investisseur ?
L’année 2022 a été porteuse d’espoir dans la lutte contre le changement climatique, avec l’action des institutions qui ont utilisé des leviers budgétaires et réglementaires.
Bien que la hausse des taux ait affecté négativement certains pure players(4) de la transition énergétique, l’annonce du plan IRA a retourné la tendance.
Les acteurs en transition offrent quant à eux des opportunités d’investissement très pertinentes grâce à leur capacité d’autofinancement importante issue de la rentabilité de leurs activités historiques.
Plus généralement, l’ensemble des secteurs sont désormais concernés par les mesures d’adaptation ou de transition. Nous sommes convaincus que les nouveaux projets liés aux énergies renouvelables, à la mobilité durable, à l’efficacité énergétique ou encore à l’économie circulaire, se matérialiseront de plus en plus dans les résultats des entreprises et produiront une performance financière notable.
Nous nous invitons à vous rapprocher de votre Banquier Privé pour connaître nos solutions d’investissement en lien avec la thématique climatique.