Interview du mois

L’investissement forestier : un placement ancré dans le temps

L’investissement forestier séduit par sa stabilité et son ancrage dans le temps. Alliant gestion durable, valorisation du bois et diversification patrimoniale, il offre une approche unique fondée sur la croissance naturelle des ressources. Mais en quoi consiste réellement cet investissement ? Quelles sont les particularités de ce secteur ? Matthieu Gombault, Responsable de l’expertise forêt chez Société Générale Private Banking s’entretient avec Clément Roche, Directeur des investissements et de la gestion chez France Valley.


Clément Roche

Au sein de France Valley, Clément conduit, avec la direction générale, la politique d’investissement et de gestion forestière des Groupements Forestiers. Avant de rejoindre France Valley, il était responsable de la gestion du patrimoine forestier d’adhérents de la coopérative forestière CFBL. Il était également chargé des transactions foncières au sein de la filiale Investissement Forestier et Patrimoine. Clément est diplômé de l’Ecole des Barres (Gestion Forestière) et d’un Master de conseiller en droit rural et agrobusiness à l’IHEDREA.

Clément, quelles sont les règles d’or en matière d’investissement forestier ?

Il y a plusieurs paramètres à considérer. L’analyse d’une forêt doit, en tout premier lieu, s’attacher à déterminer l’adéquation, actuelle et future, entre les essences forestières en place et leur station. La station est un terme technique qui permet d’englober les caractéristiques météorologiques du sol et les orientations des versants.

Ensuite, bien que les économies d’échelle soient peu conséquentes en forêt, il peut être considéré qu’une taille minimum de 15 hectares est souhaitable pour mener une réelle gestion forestière peu contrainte par les conditions de commercialisation des bois. En effet, les lots de bois à la vente doivent être d’un volume minimum et assez homogènes, permettant ainsi de rentabiliser les frais d’exploitation et de transport.

Dans l’étude d’une forêt, la composition des peuplements forestiers est indispensable et le temps consacré à son évaluation quantitative et qualitative est le plus important. Cela se justifie par la part, de l’ordre de 75 % en moyenne, que ceux-ci peuvent représenter dans la valeur globale d’une forêt.

L’analyse quantitative revient à déterminer le volume de chaque essence, les hauteurs de découpe, les diamètres et volumes unitaires pour les peuplements adultes. Les jeunes peuplements et plantations sont quant à eux soumis à une analyse de leur surface d’occupation pour s’assurer de constituer une parcelle homogène dans les prochaines années.

C’est lors de l’analyse qualitative que s’exprime pleinement l’expérience du forestier qui doit être capable d’évaluer si le chêne qui se trouve devant lui présente des qualités nécessaires à la transformation en merrain pour la tonnellerie vendu à 900 €/m3 ou seulement de la charpente ordinaire à 200 €/m3. L’aspect sanitaire est également évalué à cette occasion en repérant la présence plus ou moins diffuse de dépérissement et signes évocateurs d’un affaiblissement (perte de masse foliaire, nombreuses branches mortes, coulures de sève et de tanins, etc.).

Cette étude se matérialise concrètement sur le terrain par la réalisation d’un inventaire en plein lors duquel tous les arbres sont comptés et évalués qualitativement ou par des sondages statistiques de relevés qui permettent ensuite une extrapolation à l’échelle de la forêt.

Enfin, le réseau de pistes et chemins traversant la forêt étudiée, appelé communément « desserte forestière », est un aspect important qui conditionnera le prix de vente des bois. L’absence ou l’incomplétude d’un réseau de desserte n’est pas un critère rédhibitoire à l’acquisition, mais doit être absolument prise en compte dans l’évaluation du prix de vente des bois et dans la valeur du fonds forestier si des investissements s’avèrent nécessaires.

Naturellement, une analyse réglementaire doit également être menée car les forêts concentrent très souvent un nombre important de zonages environnementaux, de captages d’eaux, de règles spécifiques d’urbanisme… qui peuvent impacter la gestion d’une forêt.

Qui sont les acheteurs des forêts françaises et européennes aujourd’hui ?

La réponse dépend largement de la taille de la forêt. Sur les petites parcelles, il s’agit exclusivement d’un marché de particuliers. Concernant les forêts d’une taille supérieure à 50 hectares, la concurrence constatée s’opère entre particuliers fortunés et investisseurs institutionnels comme France Valley. Les motivations ne sont pas identiques dans la mesure où des acteurs institutionnels chercheront avant tout à acquérir ces actifs avec une décote de manière à pouvoir générer une plus-value potentielle à un horizon minimum de 10 ans. Le particulier opte plus souvent pour une approche axée sur l’agrément et la jouissance de son bien.

En Europe, principalement en Scandinavie, dans les pays baltes et en Irlande, il s’agit d’un marché majoritairement dominé par les acteurs institutionnels comme les gérants pour compte de tiers, les fonds de pension ou les industriels du bois qui sécurisent ainsi leur approvisionnement en matières premières.

Comment les prix à l’hectare évoluent-ils ces dernières années, en France et en Europe ? Quelles sont les perspectives ?

Il convient tout d’abord de tenir compte de la taille des forêts. En France, celles de moins de 10 hectares ont fait l’objet de près de 20 000 transactions en 2023 contre 140 transactions pour celles affichant plus de 100 hectares. Le prix moyen des forêts de petites tailles ressort à 3 530 € par hectare quand il peut atteindre plus de 15 000 € pour les forêts d’une surface supérieure à 100 hectares. De plus, tout dépendra, une fois encore, de la qualité des peuplements. L’écart-type entre une forêt de 3 hectares peuplée de bouleaux et un massif de plus de 500 hectares peuplé majoritairement de feuillus peut varier de 1 à 15.

En Europe, la diversité des paysages et des conditions climatiques induit des peuplements différents et donc des prix affichant une grande disparité.

Concernant les perspectives de valorisation, France Valley considère que les prix devraient poursuivre leur progression durant les prochaines années, notamment du fait d’une demande pour le produit bois supérieure à l’offre disponible. Pour limiter les impacts du réchauffement climatique, il convient de tendre vers une économie circulaire et décarbonée. Une matière première comme le bois, qui fait l’objet de beaucoup de recherches et développements, apparaît comme une solution d’avenir.

Pour tout complément d’information autour de l’investissement forestier, votre Banquier Privé se tient à votre disposition. 

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