ZONE DE TURBULENCES
La faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB) sème le trouble. Si les difficultés de cette banque semblent s’expliquer en très grande partie par son caractère très spécialisé et par une mauvaise gestion de son risque financier, elle a été le déclencheur d’inquiétudes pour le secteur bancaire dans son ensemble. La réaction rapide et importante des autorités permet de penser que les risques de contagion resteront limités. Cependant, ces turbulences représentent une alerte face aux risques que font porter les fortes hausses de taux d’intérêt de ces derniers mois. Les banques centrales seront vigilantes dans leurs décisions à venir de politique monétaire, dans un contexte où l’inflation tarde toujours à diminuer significativement.
Le dilemme du double mandat des banques centrales. La plupart des banques centrales ont deux mandats : celui de stabiliser l’inflation et celui de maintenir la stabilité financière. En temps normal ces deux mandats sont totalement cohérents : une crise financière affecte très négativement l’activité économique et génère de fortes pressions désinflationnistes, donc la banque centrale a bien intérêt à éviter de telles crises pour maintenir la stabilité de l’inflation. Le contexte actuel de forte inflation met les banques centrales face à un dilemme. L’inflation est très élevée et elle tarde à diminuer, encourageant les banques centrales à resserrer massivement leur politique. Et c’est ce resserrement qui peut générer des risques pour la stabilité financière.
Les banques centrales vont garder le cap dans leur lutte contre l’inflation, mais la vigilance est de mise. La lutte contre l’inflation va rester centrale dans les actions à venir des banques centrales, car elles savent bien que plus l’inflation reste élevée, plus elle a tendance à s’installer dans toutes les décisions des agents économiques. Cependant elles ont déjà ajusté massivement leurs taux d’intérêt (+450 points de base pour la Fed, +350 pour la BCE et +400 pour la Banque d’Angleterre), donc la fin de leur cycle de resserrement semble proche.
La fin du resserrement pourrait être plus proche pour la Réserve fédérale. Si le risque systémique devrait rester contenu du fait des interventions publiques, les banques régionales américaines resteraient affectées par les tensions générées par la faillite de SVB. Or ces banques représentent 40% du crédit bancaire aux États-Unis, qui devrait être de plus en plus contraint. Dans ce contexte la Fed serait incitée à finaliser plus rapidement son cycle de hausse de taux. Du côté de la BCE, le pivot reste plus éloigné, même si les turbulences en cours devraient aussi inciter la BCE à la prudence.

Pour suivre l’actualité des marchés plus régulièrement, nous vous invitons à consulter la rubrique dédiée au sein de l’espace « Investissements », disponible sur votre Espace Client Internet et votre Appli SG.