États-Unis : un « long » dernier kilomètre dans un contexte d’activité toujours bonne
L’inflation américaine du mois de janvier et notamment l’accélération de la composante des services hors loyers, montre que les pressions inflationnistes restent au-dessus de la zone de confort de la Réserve fédérale (Fed). Par ailleurs, les données d’activité et d’emploi de janvier indiquent que l’économie reste sur une bonne dynamique. Ces données confirment notre scénario d’un soft-landing(1) de l’activité et de l’inflation ainsi que d’un cycle seulement progressif de baisses des taux directeurs.
Une surprise d’inflation portée par les services. L’inflation du mois de janvier a arrêté sa série de bonnes surprises, avec une progression mensuelle de 0,3 % (contre 0,2 % attendu par le consensus), soit une croissance annuelle de 3,1 %. La surprise est surtout venue de l’inflation sous-jacente, avec une progression de 0,4 % sur le mois (contre 0,3 % attendu), se traduisant par une inflation annuelle qui reste stable à 3,9 % (voir graphique). Ce chiffre est principalement le résultat d’une inflation des services qui reste toujours importante et au-dessus d’un rythme compatible avec la cible de 2 % de la Fed. Les prix du logements (33% de l’indice des prix à la consommation - (IPC)) affichent toujours une croissance au-dessus de la moyenne pré-Covid et leur normalisation prendra du temps compte tenu de la méthode de construction de l’indice. Cependant, l’inflation des services hors loyers, qui jusque-là était en train de se normaliser, a affiché une forte progression mensuelle, retrouvant le niveau de 2022. Or, cette composante de l’inflation apparaît comme l’une des plus suivies par la Fed en raison de sa rigidité et de sa sensibilité à la politique monétaire. Ce chiffre d’inflation ne change pas notre scénario de poursuite de la désinflation en 2024 mais confirme que celle-ci sera progressive.
Une activité économique qui reste résiliente. Si le rythme de désinflation a ralenti, le rythme de l'activité économique est toujours résilient. Après avoir fini l’année sur une forte croissance (4 % en volume), les ventes au détail ont reculé de 0,8 % sur le mois. Cependant, cette baisse reflète principalement les aléas climatiques du mois de janvier. Les différentes données d’enquête et données d’emploi de janvier suggèrent encore que l’activité économique resterait dynamique au premier trimestre 2024. Sur l’ensemble de l’année, l’économie américaine devrait afficher une croissance résiliente encore soutenue par la progression réelle des revenus des ménages et une croissance de l’investissement solide en raison de la détente des conditions financières et d’une politique budgétaire encore expansionniste en 2024.
Un cycle de baisses de taux progressif à partir de la fin du printemps. La bonne tenue de l’activité et la surprise négative de l’inflation de janvier ont impliqué une réévaluation du calendrier de baisse de taux par les marchés monétaires. En effet, si la baisse de taux de mars a été écartée à la suite de la réunion de la Fed, la probabilité de baisse de taux lors de la réunion du mois de mai a aussi été significativement réduite. Dans la même ligne, si les marchés monétaires prévoyaient 6 baisses de taux en 2024, celles-ci ont été abaissées à 4 à la suite des données de janvier, convergeant ainsi vers notre scénario de début de baisse des taux à compter de la fin du deuxième trimestre. En effet, dans un scénario où la croissance reste résiliente, où la désinflation des prix des services n’est que progressive et après deux années d’un taux d’inflation au-dessus de l’objectif de 2 %, nous estimons que la Fed va maintenir son taux directeur à 5,5 % au cours des mois prochains et va rester prudente lorsqu’elle va commencer son cycle de baisse de taux.
Indices d’inflation aux États-Unis (IPC en %, GA)

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