Banques centrales : vers une désynchronisation des baisses de taux.
Les données récentes confirment notre scénario d’une croissance positive, avec des disparités qui s’accentuent entre régions. Les États-Unis continuent de surprendre par leur vigueur, renforçant les questions sur la vitesse de la baisse de l’inflation. En Zone euro et au Royaume-Uni, les indicateurs confirment une croissance modeste et la détente progressive de l’inflation. Si 2024 devrait bien être l’année du pivot des principales banques centrales, nous anticipons dorénavant un début de baisse des taux directeurs plus tardif aux États-Unis qu’en Europe. Une nouvelle dégradation du contexte géopolitique pourrait renforcer ces écarts.
L’activité confirme sa résistance, notamment aux États-Unis. Les indicateurs continuent de surprendre positivement du côté de l’activité américaine, avec une demande toujours vigoureuse. Cette résilience est le reflet d’un marché du travail dynamique, avec un taux de chômage en dessous de 4 % et des salaires en hausse de 4 % sur un an. La croissance américaine ralentirait progressivement au cours des prochains mois, dans un contexte de politique budgétaire qui resterait accommodante et de santé financière du secteur privé qui reste favorable. Les données économiques européennes du premier trimestre confirment aussi la tendance récente : une croissance seulement légèrement positive mais avec des marchés de l’emploi toujours robustes. Les économies bénéficieraient en effet de la baisse de l’inflation puis de la détente des taux d’intérêt.
Une détente des politiques monétaires en ordre dispersé. Depuis le début de l’année, la détente de l’inflation se confirme dans les principales économies développées : à 2,4 % sur un an en mars en Zone euro contre 2,9 % en décembre, à 3,5 % en mars aux États-Unis contre 3,9 % en décembre et à 3,2 % en mars au Royaume-Uni contre 4 % en décembre. Cependant, les dynamiques de baisse ont surpris de part et d’autre de l’Atlantique et dans des sens opposés. En effet, l’inflation en Zone euro et au Royaume-Uni ont plutôt surpris à la baisse. A contrario, l’inflation américaine a moins baissé qu’anticipé. Ce contexte nous incite à prévoir dorénavant une désynchronisation des baisses entre les principales banques centrales, avec une baisse décalée et plus progressive des taux directeurs aux États-Unis. Nous continuons ainsi d’anticiper que la BCE baisserait ses taux dès le mois de juin et de 75 points de base (pb) au total d’ici la fin d’année. La Fed commencerait seulement à baisser au troisième trimestre et que de 50 pb. Une telle désynchronisation favoriserait une appréciation du dollar et pourrait de fait renchérir le prix du pétrole en euros, dont le prix a déjà tendance à s’apprécier ces derniers temps.
L’intensification des tensions au Moyen-Orient souligne que le contexte géopolitique reste tendu et contribue à maintenir un certain climat d’incertitudes qui pèse sur les décisions des acteurs économiques, notamment dans le contexte d’échéances politiques majeures à venir. Concernant une éventuelle nouvelle escalade des tensions au Moyen-Orient, le risque serait de voir une remontée marquée du prix du pétrole. L’importance de la production américaine de pétrole permet de modérer l’occurrence d’un tel risque et dans tous les cas protégerait l’activité aux États-Unis. Cela pourrait cependant y générer un regain de tensions sur l’inflation. En Europe, l’effet prédominant serait un effet négatif pour l’activité. La désynchronisation des politiques monétaires pourrait ainsi s’accentuer.

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