Quel curseur pour les politiques économiques ?
Des craintes que l’inflation soit ravivée
Si l’inflation s’est nettement détendue en 2024, elle n’a pas pour autant retrouvé un niveau aussi bas qu’avant le Covid. La vigueur de l’activité aux États-Unis et surtout l’annonce de politiques économiques marquées font craindre que les tensions sur les prix ne soient rapidement ravivées. Nous tablons sur une première partie d’année à l’image de 2024, avec une bonne résistance de la croissance sans fortes pressions inflationnistes. Cela permettra la poursuite de la normalisation monétaire des principales banques centrales, à des rythmes différenciés. Le second semestre reste plus incertain, dépendant du curseur des politiques économiques qui seront effectivement mises en place.
Un premier semestre à l’image de 2024. Les divergences observées en termes de croissance économique en 2024 devraient se poursuivre, au moins durant la première moitié de 2025. Aux États-Unis, l’économie continuerait de bénéficier de fondamentaux solides (marges bénéficiaires des entreprises élevées et bilans des ménages sains). Les gains de productivité élevés favoriseront une croissance dynamique sans fortes pressions inflationnistes, permettant des baisses de taux modérées de la Réserve fédérale. En Zone euro, après avoir flirté avec la récession fin 2024, la croissance resterait faiblement positive au premier semestre. Néanmoins, le repli de l’inflation et la baisse des taux directeurs devraient pousser les consommateurs à moins épargner. Enfin, en Chine, les difficultés du marché immobilier devraient perdurer, continuant de peser sur la consommation des ménages (l’immobilier étant le principal actif des ménages) et donc sur l’économie chinoise dans son ensemble.
Le deuxième semestre dépendra du curseur des politiques économiques. Après une année 2024 chargée sur le plan électoral, 2025 sera marquée du sceau des décisions de politique économique des nouveaux gouvernements. Le passage des promesses de campagne à leur mise en œuvre produit une grande incertitude à la fois sur la croissance et l’inflation des grandes zones économiques.
États-Unis : un risque de retour de l’inflation. Cette incertitude se retrouve surtout en provenance des États-Unis, avec des répercussions sur le reste du monde. Le timing, la portée géographique et l’ampleur des hausses de droits de douanes américains restent inconnus, de même que pour la politique migratoire. Or ces deux mesures peuvent potentiellement engendrer un regain d’inflation aux États-Unis (surtout compte tenu des tensions persistantes sur le marché du travail) mais aussi peser sur la croissance des pays ciblés et en retour, sur la croissance américaine en cas de représailles.
Zone euro : politique budgétaire en question. En plus des incertitudes liées à la politique commerciale américaine et à la demande chinoise, l’incertitude sur la politique budgétaire plane sur l’économie de la Zone euro. Alors qu’un resserrement est en cours en Italie, il reste à déterminer en France. De plus, les élections en Allemagne (23 février) pourraient aboutir soit à un moindre resserrement soit à un léger assouplissement, via une augmentation de l’investissement public. Enfin, la Commission Européenne pourrait proposer de nouveaux programmes européens pour faire face aux nouveaux défis (protectionnisme américain, compétitivité chinoise, guerre en Ukraine, etc.).
Chine : de nouvelles annonces à venir. Les autorités chinoises se sont de nouveau engagées à agir de façon décisive pour relancer l’économie, en ciblant les marchés immobiliers, les actions et la consommation. Mais peu de détails ont été fournis, renforçant les incertitudes quant à la vigueur (ou non) de l’économie chinoise.
Banques centrales : sur des rythmes différents. Dans ce contexte, le cycle monétaire mondial semble également incertain. Les principales banques centrales pourraient continuer de baisser leurs taux, de façon différenciée, avec 2 baisses de taux pour la Fed (proche de 4 % fin 2025), 4 pour la Banque d’Angleterre (à 3,75 %) et 4 pour la BCE dont l’essentiel au 1e semestre (à 2 %).

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