Secousses sur les marchés dans un climat de guerre commerciale
Les annonces autour des droits de douane confirment le caractère imprévisible de la politique américaine. L’incertitude reste de mise sur l’application de nouveaux tarifs et sur les éventuelles mesures de représailles. Nous prévoyons un ralentissement de l’activité aux États-Unis avec une remontée de l’inflation dans les prochains mois. En Europe, la croissance serait aussi freinée mais de façon plus modérée, car moins directement affectée. En Chine, l’impact négatif de la hausse particulièrement marquée des droits de douane serait en partie compensée par des mesures de soutien public.
Des tarifs douaniers en progression. Donald Trump a renforcé d’un cran ses annonces de politique protectionniste, avec la mise en place de nouveaux droits de douanes généralisés. Plus spécifiquement, le gouvernement américain a annoncé un niveau plancher de 10 % de droits de douane s’appliquant à l’ensemble des biens importés quelle que soit leur géographie d’origine. S’il a ajourné l’« add-on », différencié par pays en fonction de l’importance du déficit commercial affiché avec les États-Unis, les taxes sectorielles déjà annoncées perdureraient ainsi que les tarifs déjà annoncés pour le Mexique et le Canada (62 % pour les biens canadiens non compatibles avec les règles du traité USCMA et 50 % pour les biens mexicains). Enfin, les hausses particulièrement conséquentes de tarifs sur les biens chinois sont à ce jour confirmées. Au total, pour l’économie américaine, ces mesures pourraient augmenter significativement le taux effectif de droits de douane à un niveau inobservé depuis plusieurs décennies.
L’incertitude reste de mise, sur les droits de douane qui seront finalement mis en place à court et moyen terme, ainsi que sur les éventuelles mesures de représailles que pourraient prendre les partenaires commerciaux des États-Unis, avec un risque de surenchères. Enfin, si les tensions sur les marchés financiers s’accentuaient, elles pourraient renforcer les forces négatives sur l’activité économique.
États-Unis : ralentissement marqué et plus d’inflation. Une nette dégradation des indicateurs est déjà visible depuis le début d’année. La hausse des droits de douane pèserait sur l’activité et l’inflation. Elle entraînerait soit une hausse des prix sur les biens importés, soit une réduction des marges des entreprises, ce qui pèserait sur la demande. Au total, la hausse des droits de douane pourrait se traduire par une remontée de l’inflation en cours d’année. L’activité ralentirait nettement en 2025, à rebours de la surperformance économique du pays ces dernières années. Dans ce contexte, le marché du travail se dégraderait progressivement. La Réserve fédérale maintiendrait le statu quo à court terme avant de baisser modérément ses taux en fin d’année.
Zone euro : un ralentissement contenu. Par contagion, la Zone euro serait freinée mais de façon modérée, les exportations vers les États-Unis représentant un poids contenu. Nous prévoyons en outre des mesures de représailles limitées, permettant à l’inflation de continuer de se détendre. Les plans de soutien déjà annoncés (Rearm Europe et le plan allemand) apporteraient un élan à l’activité dans un second temps. Dans ce contexte, la BCE pourrait accentuer la détente de sa politique monétaire, jusqu’à 100 points de baisse supplémentaire d’ici la fin d’année, à un niveau inférieur à 2 %.
Chine : des mesures de soutiens publics additionnelles. La Chine est devenue le pays le plus touché par la hausse des droits de douane étatsunien. La Chine a répliqué aux annonces, déclenchant une escalade de tarifs entre les deux nations. Elle est ainsi la seule nation n’échappant pas à l’« add-on » dans l’immédiat, se voyant menacée par des droits de plus de 130 %. La croissance économique chinoise s’en trouve ainsi pénalisée dans un contexte où les exportations ont été un contributeur important à la croissance en 2024. De ce fait, nous nous attendons à ce que le gouvernement chinois accélère et renforce le plan de soutien budgétaire annoncé en septembre 2024, avec un focus sur la consommation des ménages et l’investissement dans des secteurs porteurs comme les nouvelles technologie, l’automobile ou les énergies renouvelables.
INDICE DES INCERTITUDES DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES

Source : Société Générale Investment Solutions, Macrobond 11/04/2025
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