Un processus de désinflation qui ralentit
Après plusieurs mois de surprises baissières, le repli de l’inflation aux États-Unis et en Europe a marqué le pas. Un plateau semble avoir été atteint et un retour vers la cible de 2 % pourrait ne se faire que progressivement. Dans ce contexte, selon nous, les banques centrales baisseront bien leurs taux, mais plus tardivement et plus modérément qu’anticipé par les marchés.
Pause dans le mouvement de baisse de l’inflation. La baisse rapide de l’inflation observée sur la majeure partie de 2023 semble avoir été stoppée vers la fin de l’année. L’inflation totale semble avoir atteint un plateau autour de 3 % en glissement annuel aux États-Unis et en Zone euro et proche de 4 % au Royaume-Uni – soit au-dessus de la cible de 2 %. L’inflation sous-jacente a continué de se replier tout en restant élevée (au-delà de 4 %). Dans le détail, aux États-Unis, les composantes des loyers et loyers imputés sont les principales sources de la persistance de l’inflation. Hors logement, l’inflation sous-jacente est inférieure à la cible. En Europe, la persistance de l’inflation provient de facteurs liés à la crise énergétique avec la fin des mesures de type « bouclier énergétique » en Zone euro et la hausse des prix des billets d’avion, notamment au Royaume-Uni.
Dissipation de nombreux éléments inflationnistes. En prenant du recul, on peut s’apercevoir que la forte poussée de l’inflation en 2021-2023 est en grande partie due à des facteurs qui ont pour l’essentiel disparu : réouverture de l’économie dans un contexte d’excès d’épargne, explosion du prix du gaz avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie et goulets d’étranglement. Ce dernier élément a connu une résurgence récemment avec les problèmes dans les canaux de Panama et de Suez, mais sans commune mesure avec la période post-Covid.
Le retour à la cible pourrait se faire attendre. La quasi-disparition de ces éléments expliquent la chute vertigineuse de l’inflation (d’un pic d’au moins 9 % à 3-4 % en un peu plus d’un an). D’autres éléments sont apparus et pourraient empêcher un retour rapide de l’inflation vers la cible de 2 %. D’une part, les marchés du travail aux États-Unis ou en Europe restent tendus, malgré des signaux de ralentissement récents. De ce fait, la croissance des salaires (principal moteur des coûts de production des entreprises) pourrait rester solide. En Europe plus spécifiquement, la faiblesse des gains de productivité s’ajoute à ces tensions. De nouveaux facteurs structurels pèsent dorénavant sur les perspectives d’inflation, telle qu’une moindre mondialisation (impliquant une pression sur les prix des biens importés) ou des politiques de lutte contre le réchauffement climatique (pressions haussières sur les coûts de l’énergie).
Un cycle de baisse de taux modérée en perspective. Les marchés anticipent désormais un mouvement de baisse de taux rapide (dès mars pour la Fed) et marqué (150 points de base d’ici fin 2024). Une économie résiliente combinée à des marchés du travail toujours tendus pourraient permettre aux banques centrales de jouer la prudence : sans récession, pas de nécessité de baisser vite et fort. Elles pourront ainsi s’assurer de l’enracinement du processus de désinflation.
Inflation totale (glissement annuel)

Pour suivre l’actualité des marchés plus régulièrement, nous vous invitons à consulter la rubrique dédiée au sein de l’espace « Investissements », disponible sur votre Espace Client Internet et votre Appli SG(1).