HAUSSE DES TAUX : LA QUESTION DE LA SOUTENABILITÉ DE L’ENDETTEMENT PRIVÉ
Dans un environnement d’inflation élevée, les banques centrales ont commencé à resserrer les conditions financières. Aux États-Unis et en Angleterre, les autorités monétaires ont déjà commencé un cycle de hausse de taux avec l’objectif d’arriver à un niveau neutre dans les prochains trimestres et ont annoncé des programmes de réduction de bilan. En Zone euro, la BCE devrait arrêter ses achats nets au T3-2022 et devrait commencer à relever son taux directeur en fin d’année. Ceci se traduit d’ores-et-déjà par des hausses de taux d’intérêt (pour les prêts immobiliers, par exemple) et un resserrement des conditions financières. Ce nouveau contexte pose aujourd’hui la question de la soutenabilité de la dette du secteur privé, dont le niveau a augmenté pendant la crise sanitaire.
Bien que les taux d’intérêt augmentent, l’endettement des ménages ne présente pas, à ce stade, de situation de risque. D’une part, sur ces dix dernières années, à l’exception de la France, les ménages en Zone euro et aux États-Unis ont largement réduit leur niveau d’endettement (graphique 1), alors que la part de la dette à taux variable a également diminué. D’autre part, le service de la dette des ménages reste modéré après des années de taux d’intérêt bas. Enfin, les ménages jouissent d’une santé financière globalement favorable au sortir de la crise du Covid. En effet, les plans de soutien pendant la crise sanitaire ont permis de maintenir stable, voire d’augmenter le revenu des ménages. Ces mesures se sont également traduites par une hausse significative du taux d’épargne des ménages. Ainsi, du fait d’une santé financière robuste, les ménages semblent en mesure de résister au nouveau contexte de remontée des taux.
Pour les entreprises, la situation est plus mitigée, et contrastée d’un pays à l’autre. En effet, du côté de l’Espagne et l’Italie, deux des pays qui ont le plus souffert de la crise des dettes de 2011, l’endettement des entreprises a lui aussi considérablement baissé ces dix dernières années. En revanche, en France la situation est bien différente – les entreprises du pays ayant connu la plus forte hausse de leur endettement parmi les principales économies (graphique 2). Notons qu’une part conséquente de ces dettes est issue de prêts garantis par l’État (PGE), diminuant ainsi le risque qui leur est associé. Dans les autres grandes économies développées, l’endettement des entreprises s’est aussi accru dans le cadre de la crise sanitaire, mais cette progression est plus modérée et s’est vue accompagnée par une hausse des actifs liquides. Ainsi, la dette « nette » reste globalement stable, diminuant le risque de crédit face à un resserrement plus marqué des conditions financières.
En somme, la hausse des taux d’intérêt ne présente pas de risque systémique ou de risque immédiat pour la stabilité financière. Le resserrement des conditions financières devrait ralentir l’économie mais les ménages et les entreprises apparaissent aptes à faire face à ce nouveau contexte. La situation de dette privée (ménages et entreprises) de quelques grandes économies – Chine, Corée du Sud et France en particulier – reste néanmoins à surveiller, bien qu’aujourd’hui le service de la dette reste à des niveaux soutenables.
Graphique 1 : la dette des ménages a globalement baissé ou s’est maintenue stable ces dix dernières années
Principales économies : dette des ménages par rapport au PIB, en %

Graphique 2 : à quelques exceptions près, l’endettement des entreprises a généralement augmenté sur ces dix dernières années
Principales économies : dette des entreprises par rapport au PIB, en %

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