Dans un contexte économique, politique et géopolitique mouvant, diversifier son allocation d’actifs à l’international permet de profiter des dynamiques économiques de différentes zones géographiques et ainsi de limiter les risques. L’année 2024 a notamment été le témoin d’une concentration de la performance outre-Atlantique illustrant le fort dynamisme de l’économie américaine. Entretien avec Grégory Rubertelli, directeur adjoint du conseil en investissement chez Société Générale Private Banking.
Grégory, en tant qu’allocataire d’actifs, vous précisez souvent que votre maître mot est la « diversification », pourquoi ?
Nous sommes guidés par ce principe clé lorsque nous définissons une allocation d’actifs. La diversification – c’est-à-dire la répartition de ses investissements sur différentes classes d’actifs, secteurs, régions géographiques, ou devises – permet d’optimiser le profil risque/rendement d’un portefeuille en limitant l’impact des mauvais résultats ou en profitant de la surperformance d’un actif spécifique.
L’année 2024 a démontré à quel point les dynamiques, notamment géographiques et sectorielles, pouvaient être différentes et combien une diversification internationale pour un investisseur européen peut être cruciale.
En effet, parmi les principales classes d’actifs, le marché actions a contribué de façon importante à la performance des portefeuilles avec une surperformance marquée du marché américain. L’indice S&P 500(1) a progressé de 22 % en 2024, soutenu par la forte croissance du secteur technologique et l’essor de l’intelligence artificielle. En revanche, en Europe, l’indice MSCI Europe(2) qui avait fortement progressé en 2023 a connu des résultats plus mitigés en 2024. Du côté du CAC 40, celui-ci a reculé de 2,15 %, pénalisé par le ralentissement du secteur du luxe. Ce secteur, longtemps moteur des indices européens, a connu un net ralentissement l’année dernière, notamment lié à une baisse de la demande et un environnement économique incertain. Concernant les devises, le dollar a surperformé la plupart de ses pairs.
Ces exemples nous démontrent l’intérêt de ne pas être investi uniquement sur son marché local.

Source : Société Générale Investment Solutions, Macrobond, Bloomberg
Dans le contexte économique que nous connaissons, comment cette diversification à l’international peut-elle se matérialiser ?
Chez Société Générale Private Banking, parmi nos convictions d’investissement pour 2025, nous pensons que l’économie américaine devrait continuer à surperformer grâce à des fondamentaux toujours solides au niveau des entreprises et des ménages.
En effet, les marges bénéficiaires des entreprises sont à des niveaux record, creusant un écart important avec les autres zones économiques (Europe notamment). Cela tient pour beaucoup aux gains de productivité, à des prix de l’énergie compétitifs et à la vigueur des investissements productifs, notamment en nouvelles technologies.
En outre, les ménages sont dans une situation financière favorable, avec un taux d’endettement qui n’a que peu augmenté depuis le Covid et un « effet richesse(3) » en progression. Cette situation est propice à un maintien du niveau de consommation des ménages, principal moteur de la croissance américaine.
Ainsi, malgré les incertitudes concernant les conséquences inflationnistes des mesures annoncées par le président américain Trump et les valorisations excessives de certaines valeurs de croissance qui ont concentré la performance des marchés boursiers en 2024, nous pensons que les fondamentaux devraient rester solides, permettant à l’économie américaine de continuer à surperformer.
En matière d’allocation d’actifs, nous privilégions donc une diversification internationale orientée sur les États-Unis, notamment sur le marché des actions et la devise.
Qu’en est-il des devises justement ?
Nous sommes convaincus de l’intérêt d’une exposition structurelle en devise pour une partie de l’allocation afin de se prémunir contre un affaiblissement de sa devise domestique et/ou profiter de la vigueur d’autres zones économiques. Certaines devises possèdent également le statut de « valeur refuge », optimisant ainsi le couple risque/rendement de l’allocation.
Compte tenu de notre anticipation d’une surperformance de l’économie américaine, nous estimons que le dollar devrait rester fort en 2025, supporté par plusieurs facteurs :
- les incertitudes commerciales et géopolitiques chez les partenaires commerciaux des États-Unis, favorisant une hausse de l’aversion aux risques et des baisses de taux,
- un différentiel de productivité important en faveur des États-Unis, grâce à l’accès à une énergie peu chère et une spécialisation dans des secteurs à forte valeur ajoutée comme la technologie,
- une forte demande pour des actifs en dollar.
Pour conclure, quels sont vos conseils pour 2025 ?
En ce début d’année, les incertitudes restent élevées concernant les politiques économiques et la géopolitique à l’échelle mondiale. Malgré des anticipations d’un regain potentiel de volatilité, notamment sur les taux d’intérêts et l’inflation, l’environnement économique reste porteur et nous restons favorables aux actifs risqués, essentiellement en Europe et aux États-Unis, dans le respect de votre profil investisseur(4).
Afin de vous accompagner au mieux, notre outil Dialogue et Allocation d’Actifs permet de réaliser un diagnostic et d’optimiser le couple rendement/risque d’une allocation existante ou à constituer, en prenant en compte notamment les aspects internationaux. Votre Banquier Privé, aux côtés de nos experts, se tient naturellement à votre disposition pour réaliser une étude personnalisée.