Depuis 2018, Société Générale Private Banking est partenaire de l’Institut Curie et soutient la construction du Centre SIREDO : Soins, Innovation, Recherche en oncologie de l’Enfant, de l’aDOlescent et de l’adulte jeune. Au travers de solutions à composante caritative, nous sommes fiers d’avoir pu contribuer à hauteur de 2 millions d’euros au financement de la recherche et des soins pour lutter contre les cancers pédiatriques. Marceline Try, responsable développement commercial chez Société Générale Private Banking s'est entretenue avec le docteur Sarah Watson, oncologue médicale et chercheuse à l’Institut Curie.
Sarah Watson
Après avoir effectué un double cursus médecine/sciences à l’Université Pierre et Marie Curie et à l’École Normale Supérieure (ENS), Sarah réalise son internat d’oncologie médicale à Paris et sa thèse de sciences à l’Institut Curie. En 2017, elle a été Lauréate du premier poste de CCA-INSERM-Bettencourt, lui permettant de poursuivre une activité de recherche pendant son clinicat et de bénéficier d’un temps médical protégé à hauteur de 50 % pour continuer ses travaux scientifiques. Son activité clinique est dédiée à la prise en charge médicale des patients atteints de sarcomes et autres tumeurs mésenchymateuses. Sur le plan scientifique, elle se dédie à la caractérisation moléculaire des sarcomes de haut grade de l’adulte et des cancers de primitif inconnu. Elle a également été Lauréate du prix Gallet et Breton de l’Académie Nationale de Médecine et du prix Claude Jacquillat de la Société Française du Cancer.Sarah, pouvez-vous nous dire qu’est-ce qui caractérise votre parcours ?
En premier lieu, j’évoquerais la multidisciplinarité qui me caractérise. Je ne me suis pas inscrite et formée dans une voie mais dans plusieurs. J’ai choisi la Médecine et la Recherche au sein de l’ENS parce que ces deux disciplines sont complémentaires. Je pense qu’un scientifique doit comprendre le médecin et que ce dernier doit inspirer la recherche. C’est en multipliant les expériences en laboratoire et auprès de mes patients que je m’enrichis. Je me sens compétente comme chercheur et comme oncologue, parce que je me nourris de ces deux expériences.
Ensuite, je retiens le mot « travail ». Je suis habitée par mon travail, j’y pense tout le temps et c’est ce qui donne du sens à ma vie. Mon rôle de chercheur ne s’arrête pas quand je quitte mon laboratoire, parce que mes patients ne me quittent pas et je ne les laisse pas non plus.
Enfin, je parlerais de hasard ou de chance. Mon parcours m’a fait rencontrer des gens, affronter des situations auxquelles je n’aurais peut-être pas dû être confrontée. Je suis infiniment reconnaissante à tous ceux que j’ai croisés dans ma vie, collègues, étudiants, professeurs, amis, famille et qui ont forgé aussi celle que je suis aujourd’hui.
Qu’est-ce qui fait votre fierté dernièrement ?
Je crois que ce qui me rend le plus fière, c’est d’avoir réuni autour de moi une équipe de médecins, de chercheurs et d’étudiants, un groupe soudé et solidaire qui travaille ensemble sur des thématiques médicales et scientifiques qui nous rassemblent. On a cru en nous et on nous a donné les moyens d’avancer. Je suis aussi fière de mon travail et du sens que je lui donne, tout en apportant ma pierre à l’édifice dans ma mission de chercheur. J’ai le sentiment d’être utile à mes patients et à leur famille, surtout quand on soigne des cancers et qu’on côtoie la mort et la fin de vie.
Est-ce que la reconnaissance est important pour vous, Sarah ?
Vous savez, dans mon métier, la reconnaissance est assez indirecte et elle ne vient pas seulement de vos collègues ou de votre hiérarchie, mais aussi de vos publications ou de la visibilité autour de vos travaux scientifiques. Je suis cependant plus sensible à la reconnaissance de mes patients qui donne du sens à ma mission et à ma vie. Soulager et contribuer à améliorer la santé des malades sont des moteurs puissants quand on parle de reconnaissance.
Qu’est-ce qui vous inspire aujourd’hui ?
L’amour de mon métier et de mon travail comme vous l’avez compris. Mais aussi ma double compétence, si vous me permettez ce rappel à mon double cursus. Au-delà du « Qu’est-ce », c’est plutôt le « Qui » dans lequel je me projette et je dois vous avouer qu’en la matière, une personnalité comme celle de Simone Veil m’inspire énormément. Son parcours bien sûr, qu’il soit personnel ou professionnel, son grand sens moral, son sens de la famille, son engagement politique… mais plus personnellement, je retiens sa résilience et sa capacité à se transcender dans les épreuves. Je crois beaucoup à cette qualité qui fait que l’épreuve et la difficulté peuvent servir de tremplin. Dans ma carrière et mon expérience quotidienne, j’essaie de ne jamais l’oublier.
Selon vous, quel est le plus gros problème des femmes de votre génération ?
Je ne crois pas qu’il y ait un problème de génération ou d’inégalité homme/femme aujourd’hui dans l’environnement qui est le mien. La recherche et la médecine restent historiquement des univers masculins mais les statistiques avancent bien sur ce sujet. Chacun sait désormais que pour avoir plus de médecins en France, il faut plus de femmes et une nouvelle fois, les choses avancent dans le bon sens.
Plus personnellement, je constate que je partage avec beaucoup de femmes « le syndrome de l’imposteur », qui peut être un frein à leur accomplissement professionnel. Cependant, je suis persuadée que ce problème relève non pas des autres, mais de soi, et que c’est à chacune de le prendre en charge au même titre que celui de la confiance en soi.
Pour finir, quels sont les grands défis à venir dans votre secteur ?
Je pourrais vous parler d’Intelligence Artificielle (IA), de nouvelles technologies, de grands questionnements sociétaux, mais je suis plus inspirée par un challenge de vie. Mon défi, comme celui de mes équipes, est d’améliorer le quotidien de l’Homme face à la maladie. C’est aussi d’accompagner mes patients, d’être à leur côté, dans un temps long et de me battre pour mes équipes, mes patients et tous ceux qui ont confiance en nous.