Depuis plus de dix ans, la rémunération du fonds euro des contrats d’assurance vie et des contrats de capitalisation ne cesse de baisser. L’évolution actuelle de la conjoncture, liée au retour de l’inflation et aux tensions géopolitiques, pourrait-elle inverser cette tendance ? Décryptage en quatre questions.
Qu’est-ce que le fonds euro des contrats d’assurance vie et de capitalisation ?
Rappelons tout d’abord qu’à travers l’assurance vie ou le contrat de capitalisation(1), le souscripteur dispose de plusieurs possibilités d’investissement :
- le fonds euro qui permet une protection du capital(2), hors frais de gestion pour certains assureurs,
- des supports en unités de compte qui lui permettent d’accéder à différents marchés (actions, obligations, monétaires, immobilier).
L'assureur, en fonction de la performance de son actif général, détermine en fin d'année l'évolution du fonds euro. Il a la possibilité, dans certaines limites, de garantir un taux minimum de revalorisation annuel auquel s’ajoutera, éventuellement, une participation aux bénéfices (en fonction du rendement dégagé par l’actif) susceptible d’améliorer chaque année ce rendement. La rémunération ainsi obtenue une année est définitivement acquise (hors frais de gestion pour certains assureurs).
En quoi des taux bas ont-ils impacté à la baisse les performances des fonds euro ?
La plupart des fonds euro sont investis essentiellement en obligations d’États membres de la zone euro ou en obligations d’entreprises européennes. Ces investissements sont complétés à la marge sur le marché de l’immobilier et des actions cotées.
Depuis 2011, le marché constate que les taux d’intérêt n’ont fait que décroître pour atteindre des niveaux historiquement bas. Cette baisse des taux s’est répercutée sur les rémunérations annuelles offertes par les obligations, également appelées coupons. Dans la gestion de leurs fonds euro, les assureurs ont alors été amenés à souscrire de nouvelles obligations émises à des taux de plus en plus bas, ce qui a entraîné la diminution progressive de la performance de cet actif.
Pourquoi les taux remontent-ils dans le contexte de marché actuel ?
Principal outil conventionnel de la politique monétaire, le taux directeur est le taux d'intérêt fixé par une banque centrale(3) pour les prêts qu’elle accorde aux banques commerciales qui en ont besoin, en échange de titres mis en garantie. Il influence le taux d’intérêt auquel les banques commerciales prêtent à leur tour à leurs clients, notamment les ménages et les entreprises.
Pour freiner la hausse de l’inflation, la Banque Centrale Européenne augmente son taux directeur, les taux d’intérêt des banques commerciales augmentent alors mécaniquement : le coût du crédit devient plus cher pour les ménages et les entreprises qui empruntent moins, donc consomment et investissent moins. L’objectif est ainsi de ralentir l’activité, et par conséquent le rythme de hausse des prix.
La remontée des taux profitera-t-elle au fonds euro dès 2022 ?
À ce stade, les compagnies d’assurance et de capitalisation n’ont pas encore arrêté les rendements qui seront servis en 2022 mais la remontée des taux d’intérêt, depuis le début de l’année, pourrait entraîner une stagnation, voire une légère augmentation de la rétribution distribuée sur les fonds euro.
L’augmentation des taux est l’opportunité pour les compagnies d’assurance d’investir sur des titres mieux rémunérés et ainsi de lisser les rémunérations des investissements opérés à des périodes où les taux étaient proches de zéro voire négatifs.
Pour autant, nul n’est en mesure d’assurer que ces nouveaux investissements auront un impact immédiat sur le rendement du fonds euro dès 2022. En effet, seule la part d’obligations arrivant à échéance en 2022 sera réinvestie sur des actifs mieux rémunérés. C’est pourquoi, l’impact de la hausse des taux devrait être progressif dans un contexte de pérennisation de l’augmentation des taux.